Bruit sous-marin - France métropolitaine

Publié le 8 juin 2020 — Modifié le 19 janvier 2023

Rapport scientifique pour l’évaluation 2018 au titre de la DCSMM

Évaluation du descripteur 11 « Bruit sous-marin » - France métropolitaine

Le Descripteur 11 s’intéresse à l’introduction d’énergie, dont les sources acoustiques dans le milieu marin. Il s'agit d'un descripteur de la pression du bruit généré par les activités anthropiques. Il est évalué selon deux critères basés sur les caractéristiques des signaux émis : les sons impulsifs ou transitoires de courte durée et de forte intensité (D11C1) d’une part, et d’autre part les sons continus (D11C2). Le D11C1 repose sur le recensement des jours d’émissions impulsives. Le D11C2 repose sur la modélisation du bruit mensuel imputable au trafic maritime.

Ce rapport présente l’évaluation de ces critères pour l’année 2016 au regard de la définition du bon état écologique (BEE) sonore sous-marin. En raison des connaissances encore limitées sur les impacts du bruit sur les écosystèmes marins, le BEE est défini qualitativement vis-à-vis des risques pour les mammifères marins uniquement. Ainsi, le BEE est atteint si les risques de dérangement acoustique, de surmortalité par exposition sonore et de réduction des distances de communication des mysticètes sont cumulativement faibles ou modérés. Pour le D11C1, le BEE est évalué en fonction des risques de dérangement et de surmortalité. Les répartitions temporelle et spatiale des jours de présence d’émissions dans cet ordre hiérarchique renseignent le risque de dérangement. L’information complémentaire sur les niveaux d’émissions renseigne le risque de surmortalité. Pour le D11C2, le BEE est évalué au regard des risques de réduction des distances de communication. Ce risque est estimé à partir de la comparaison interannuelle de la répartition spatiale du niveau du bruit généré par le trafic maritime dans deux bandes de fréquences voisines calculé en début et fin de cycle (2012-2016).

Le BEE est atteint pour l’ensemble des sous-régions marines métropolitaines. Les niveaux de pression anthropique liés aux émissions impulsives, sont faibles de par leur emprise temporelle (au maximum quelques dizaines de jours pour l’année 2016) et de par leur emprise spatiale (au maximum de quelques pourcents de l’étendue de chaque sous-région). Les niveaux de pression anthropique liés au bruit continu sont d’un niveau modéré par leur emprise spatiale notamment en raison de l’existence de grandes routes maritimes. Les connaissances scientifiques disponibles ne permettent pas encore de préjuger de l’impact de ces niveaux sur la faune sous-marine d’une manière absolue. Le critère D11C2 a de ce fait été évalué par comparaison interannuelle (au cours d’un cycle d’évaluation) et plus ancienne (par rapport aux niveaux estimés lors de l’évaluation initiale). À ce titre, le bruit du trafic maritime, estimé par modélisation acoustique à partir de la distribution statistique du trafic, est globalement stable pour l’ensemble des sous-régions marines. Compte-tenu du volume de trafic, qui a diminué de manière significative par rapport au début des années 2000, on estime que les niveaux de bruit actuels sont plus faibles qu’ils ne l’ont été par le passé. Pour cette raison, le risque de dégradation des conditions de masquage est estimé à un niveau modéré. Néanmoins, la reprise économique se traduit par une augmentation récente du trafic et les niveaux de pression sont ainsi susceptibles de repartir à la hausse. La surveillance par modélisation et mesures en mer qui se met en place dans le cadre du programme de surveillance permettra dans un futur proche d’accroître la vigilance en permettant une meilleure évaluation de la pression sonore continue et des risques de masquage.