Pressions et impacts - Manche - Mer du Nord / Pressions chimiques et impacts associés / Enrichissement en nutriments et en matière organique
Analyse des sources directes et chroniques en nutriments, en matières en suspension et en matière organique vers le milieu aquatique
Auteurs : Xavier Bourrain (Agence de l’eau Loire-Bretagne, Orléans), Claude Branellec, avec les contributions internes de Jacques Lesavre, François Lamy, Olivier Blot et Franck Bruchon (Agence de l’eau Seine-Normandie, Honfleur), Delphine Martin (Agence de l’eau Artois-Picardie, Douai), Sophie Beauvais, Aurélie Blanck, Élodie Giacomini (AAMP, Brest).
Naturellement présents dans les écosystèmes aquatiques, les sels nutritifs, azote et phosphore, auxquels il faut ajouter la silice, sont indispensables au développement de nombreuses communautés algales.
Dans un réseau hydrographique, les nutriments proviennent de deux types de sources :
- soit des sources diffuses, liées à l’interaction directe de l’eau de pluie avec les sols du bassin versant – elles dépendent de la nature des sols, de leur couverture végétale, du relief et des pratiques agricoles, mais aussi des conditions climatiques ;
- soit des sources ponctuelles, essentiellement constituées par les rejets, plus facilement maîtrisables, des collectivités et de l’industrie.
Hormis la silice qui provient essentiellement de l’altération des roches et n’est que faiblement influencée par l’activité humaine, ce sont les apports en excès d’azote et de phosphore et les déséquilibres entre ces apports qui sont responsables, entre autres, des phénomènes d’eutrophisation qui perturbent l’état des rivières, des estuaires et des eaux côtières. La figure 1 indique les principales sources et voies de transfert des nutriments.
En plus des apports d’origine terrestre, l’aquaculture marine peut également engendrer un apport de nutriments et de matière organique vers le milieu marin. Ce sujet sera traité en fin de contribution.
La présence de matières organiques provoque une réduction de la teneur des eaux en oxygène en raison des surconsommations induites par leur assimilation bactérienne : c’est l’autoépuration. Ces pollutions proviennent notamment des rejets domestiques, des industries agroalimentaires, papetières ou du cuir et des élevages, mais aussi de la lixiviation des sols urbains et ruraux et potentiellement de l’aquaculture marine.
Les apports en nutriments (azote et phosphore) et en matières organiques sont traités ici par source (agriculture, industries et collectivités) pour chaque bassin versant (Artois-Picardie, Seine-Normandie et la partie du bassin Loire-Bretagne située dans la Manche-mer du Nord) et sont extraits de l’état des lieux 2004 établi pour la Directive Cadre sur l’Eau (2000/60/CE). Les résultats ne prennent donc pas en compte les évolutions liées aux différentes actions menées depuis près de dix ans pour réduire ces apports, telles que mise aux normes des stations d’épuration, évolution de la réglementation agricole, programmes territoriaux, etc.