Caractéristiques et état écologique - Golfe de Gascogne / État biologique / Caractéristiques biologiques - biocénoses
Biocénoses des fonds durs du bathyal et de l'abyssal
Auteurs : Brigitte Guillaumont, Inge van den Beld, Jaime Davies, Christophe Bayle (Ifremer, Brest). Avec la collaboration de Marie-Claire Fabri (Ifremer, La Seyne-sur-Mer).
Le golfe de Gascogne a fait l’objet de prospections pour l’étude des espèces benthiques profondes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Une première synthèse a été rédigée par Le Danois en 1948.
De nouvelles campagnes ont été réalisées dans les années 1970, concentrées pour l’essentiel sur une radiale au nord du golfe, par des fonds supérieurs à 2 000 m de profondeur sur ou à proximité de la terrasse de Meriadzeck. Les principaux résultats ont été rassemblés dans l’ouvrage coordonné par Laubier et Monniot (1985).
Plus récemment, l’attention a été portée au sein des conventions internationales et des directives européenne sur les espèces rares, sensibles, fonctionnellement importantes, menacées ou en déclin. La Convention OSPAR 1992 vise à mettre en place un réseau cohérent d’aires marines protégées pour les habitats et espèces listés dans l’annexe V de la convention au titre d’espèces et habitats menacés ou en déclin, dont certains sont présents dans le golfe sur les fonds durs, notamment les « Récifs à Lophelia pertusa », les « Jardins de coraux », et les « Agrégats d’éponges ».
La directive Habitat 92/43/EEC impose la mise en place de mesures de protection des habitats et espèces listés dans les annexes I et V. Parmi ceux-ci figurent les « Récifs », qu’ils soient d’origine biogénique ou non. La résolution des Nations Unies 61/105 appelle les États à mettre immédiatement en place, individuellement ou par le biais des organisations régionales de pêche, des actions de gestion pour protéger des pratiques destructrices de pêche les Écosystèmes Marins Vulnérables (EMVs), dont les coraux et les éponges. Enfin, les coraux figurent en bonne place dans les listes du CITES au titre d’espèces réglementées en vue de leur protection.
Toutes ces mesures concernant particulièrement les coraux et les éponges sont justifiées par la vulnérabilité particulière de ces espèces d’épifaune sessile aux actions mécaniques – notamment les chaluts de pêche –, ainsi qu’aux actions provoquant la remise en suspension de particules, par leur croissance faible et leur durée de vie longue, et par le fait qu’un certain nombre d’espèces structurent ou caractérisent certains habitats. Leur intégrité peut être utilisée comme un indicateur de la qualité du milieu.
Le projet CoralFISH, démarré en 2008, dont l’objectif est d’étudier les relations entre coraux, poissons et pêcheries, a permis de réaliser de nouvelles campagnes mettant en œuvre des caméras pour recueillir de l’imagerie sur la pente continentale où se concentrent ces espèces et habitats vulnérables. Ces données d’imagerie, ainsi que des données plus anciennes résultant de campagnes halieutiques ou géologiques et des données résultant de campagnes étrangères, ont été analysées pour fournir une première synthèse provisoire de la répartition de ces EMVs.
Le rebord du plateau, situé aux environs de 200 m, a été retenu comme limite supérieure du bathyal. En l’absence d’indication régionale, la profondeur de 2 700 m a été retenue comme limite inférieure du bathyal, la zone la plus profonde correspondant à l’abyssal. La zone bathyale est formée d’une succession de canyons et d’interfluves [6] présentant une morphologie particulièrement complexe : présence de ravines, de chenaux, de zones d’effondrement, de crêtes, de marches, de falaises…
Toutes les sources ont été harmonisées selon le référentiel taxonomique WORMS Register. Seules les occurrences dans la ZEE française des espèces d’EMVs considérées comme profondes sont visualisées.