Coûts liés aux déchets marins - Golfe de Gascogne

Publié le 28 mars 2020 — Modifié le 4 juin 2020

Analyse économique et sociale de l'utilisation de nos eaux marines et du coût de la dégradation du milieu marin - Golfe de Gascogne / Coût de la dégradation du milieu

Coûts liés aux déchets marins

Auteurs : Adeline Bas, Alexia Cujus (UMR AMURE, Université de Bretagne Occidentale, Brest).

Les déchets marins sont définis comme étant tout objet persistant, fabriqué par l’homme en matériau solide, qui se retrouve dans l’environnement marin et côtier, y compris à l’issue d’un transport par les cours d’eau.

Ils se composent :

  • de macrodéchets, visibles à l’œil nu – plastiques, métalliques, en bois, en verre ; y compris engins de pêche perdus ou abandonnés, munitions, conteneurs, etc. ;
  • de microdéchets non visibles à l’œil nu, notamment microplastiques.

Les éléments d’origine naturelle – végétation, algues, débris organiques divers, etc. – sont donc exclus de cette définition. Les déchets sont présents dans le milieu marin à différents niveaux : environ 70 % du stock de déchets reposeraient au fond des mers, 15 % flotteraient dans la colonne d’eau et à la surface de l’eau et les 15 % restant se déposeraient sur le littoral [2]. La bibliographie internationale montre qu’environ 80 % des déchets marins sont d’origine terrestre et le solde provient des activités maritimes. Une étude menéeen 2009 par l’ONG International CoastalCleanup sur le littoral de plus de 100 pays montre que près de 60 % des déchets proviennent des activités menées sur place : déchets abandonnés volontairement ou non par les usagers des plages, décharges, trafic maritime, ports, pêche, conchyliculture, plaisance et activités anthropiques menées à terre, y compris sur le littoral. Les déchets marins sont à l’origine de désagréments pour la société et pour l’environnement lui-même : nuisances visuelles et/ou olfactives, dégâts aux engins de pêche, risques de heurt de navires avec des conteneurs, risques de blessures avec des tessons de bouteille, mortalité des mammifères, reptiles et oiseaux marins, etc.

Pour répondre à la pollution générée par les déchets marins, différentes catégories d’action peuvent être mises en place. Des mesures de suivi peuvent être réalisées pour effectuer un suivi scientifique de la pollution pour mieux connaître ce type de pollution.Elles visent notamment à quantifier et à localiser les déchets lors de campagnes océanographiques. Des réflexions sont également menées pour élaborer des solutions pour lutter et éviter la pollution liée aux déchets marins, comme lors du Grenelle de la mer. Ces mesures constituent des mesures dites de suivi et d’information. Ensuite, des actions positives en faveur de l’environnement (dont les actions de prévention), des campagnes de sensibilisation du public par exemple, sont mises en œuvre pour éviter le rejet de déchets dans le milieu marin.

Toutefois, malgré la mise en place des mesures précédentes, des déchets se retrouvent dans le milieu marin. Ils peuvent être collectés sur le littoral, en mer et au fond des océans. Le ramassage des déchets peut être considéré comme une mesure dite d’atténuation puisqu’il vise à atténuer les impacts liés à la présence des déchets. Enfin, les déchets qui n’ont pu être ramassés affectent directement des activités économiques – dégâts sur les engins de pêche, etc. –, la biodiversité – mortalité des mammifères – et les usagers de la mer et du littoral – pollution olfactive et visuelle. Ces impacts sont considérés comme des impacts résiduels étant donné qu’ils existent malgré les efforts faits pour éviter leur présence et pour les atténuer.

Les mesures de coordination, de prévention et d’atténuation ainsi que les impacts résiduels liés à la présence des déchets marins induisent des coûts supportés à la fois par la société et par l’environnement. L’objectif de la présente synthèse est d’apporter des éléments chiffrés sur ces coûts, sur la base des données existantes, à l’échelle nationale et pour la sous-région marine golfe de Gascogne.

Il est très difficile, voire impossible d’évaluer les coûts induits par la présence des déchets en mer à l’échelle de la sous-région marine compte tenu des lacunes dans les données disponibles et de la difficulté intrinsèque à cette évaluation, liée à la très forte disparité entre les situations selon leur localisation, les enjeux économiques associés, etc. C’est pourquoi ce rapport fournit des exemples ponctuels destinés à donner des ordres de grandeurs.