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Déchets sur le littoral
Auteurs : Loïc Kerambrun et Estérine Evrard (Cedre, Brest).
Par déchets littoraux – dénommés par la suite déchets ou macrodéchets – on entend les objets ou matériaux qui, volontairement ou involontairement, ont été jetés, perdus ou abandonnés, en mer ou sur le littoral, ou qui y ont été amenés par l’intermédiaire des fleuves, des réseaux de collecte/transport des eaux usées, des bassins d’ouvrage ou par le vent.
Cette définition est celle adoptée par la convention OSPAR, le PNUE et les Grenelle de l’environnement. Il s’agit de déchets solides, visibles à l’œil nu et d’origine anthropique.
Ne sont donc pas inclus les hydrocarbures, les déchets de très petites tailles – qui sont abordés respectivement dans les contributions thématiques « Pollutions accidentelles et rejets illicites » et « Microparticules » – ni les débris organiques (cadavres d’animaux, algues, plantes, arbres) rejetés à la côte.
La présence de déchets sur le littoral entraîne des nuisances locales diverses potentiellement préjudiciables à l’environnement littoral (voir la contribution thématique « Impacts écologiques des déchets marins »), à savoir :
- des perturbations écologiques directes altération physique du biotope intertidal, dérangement de la faune, etc.
- des perturbations écologiques indirectes : retrait systématique de la laisse de mer et de sable, lors d’une collecte mécanisée non contrôlée, etc.
- des incidences socio-économiques directes : nettoyage, obstruction de dispositifs de pompage terrestres industriels ou de loisirs, etc.
- des incidences socio-économiques indirectes : image de marque du tourisme, des produits de la mer, etc. des risques sanitaires : salissure, blessure, infection, ingestion, inhalation, etc.
La prise de conscience des impacts des déchets sur le littoral est à l’origine de nombreuses initiatives menées depuis plusieurs années, par les collectivités territoriales – communes et départements – d’une part, souvent avec le soutien d’un établissement public de l’État (Conservatoire du littoral, Parc naturel, certaines agences de l’eau, etc.) et, d’autre part, par des associations de protection de l’environnement locales ou à stature nationale. La première ébauche scientifique d’un état des lieux à l’échelle nationale est réalisée par le Centre National pour l’Exploitation des Océans (CNEXO, futur Ifremer) au début des années 1980, à partir d’observations menées sur 12 plages du littoral métropolitain. Plus récemment, les macrodéchets littoraux ont fait l’objet de travaux, à valeur de synthèse à l’échelle nationale, qui mentionnent des initiatives locales illustrées de quelques données ; citons l’étude commandée par le Conservatoire du littoral pour les espaces qu’il gère et celles plus exhaustive réalisées dans le cadre des Grenelles de l’environnement puis du Grenelle de la mer.
Dans le premier cas, il s’agit, le plus souvent, d’une simple collecte mécanisée (réalisée par les services communaux ou intercommunaux ou sous-traitées à une société privée) ou, de plus en plus incitée, d’une collecte mixte « raisonnée », bénéficiant éventuellement d’un plan de nettoyage départemental opérationnel, incluant information et formation, qui privilégie au maximum le recours au ramassage manuel sélectif, réalisé par des associations d’insertion, des gardes du littoral, des agents de parc, etc.
Dans le second cas, il s’agit généralement d’une collecte ponctuelle (rarement régulière) réalisée par des bénévoles, qui s’intègre dans un cadre strictement local, ou organisée localement par des associations ou professionnels (par exemple le comité régional de la conchyliculture Manche-mer du Nord) ou dans une campagne, médiatique et de terrain, autour d’une journée nationale de collecte , s’inscrivant éventuellement dans un cadre international, telles les Initiatives Océanes de SurfRider Europe (56 m3 récoltés dans la sous-région en 2008), par exemple. En mars 2007, 5,5 tonnes de déchets furent ainsi récoltées sur 5 km de plage le long de la côte sauvage en Charente-Maritime.