Caractéristiques et état écologique - Golfe de Gascogne / État biologique / Description des différents biotopes
Distribution des biotopes principaux de la colonne d'eau
Auteurs : Martin Huret (Ifremer, Nantes), Isabelle Gailhard-Rocher (Ifremer, Brest). Avec la participation de Sandrine Vaz, Frédéric Vandermeirsch, Pascal Lazure (Ifremer) et Benjamin Planque (Institute of Marine Research, Norvège).
La notion d’habitat inclut conjointement les caractéristiques abiotiques (le biotope) et biotiques du milieu.
Les biotopes pélagiques se caractérisent par une grande variabilité spatio-temporelle des conditions hydrologiques de la colonne d’eau, par la diversité des populations pélagiques qu’ils hébergent – phytoplanctoniques, zooplanctoniques, ichtyologiques – et surtout par la dynamique de ces populations qui peuvent changer d’habitat au cours de l’année ou du stade de leur cycle de vie –larves, juvéniles, adultes, période d’alimentation, de reproduction, etc. –, notamment pour les espèces ichtyologiques.
Les études ayant trait à la classification des habitats marins portent essentiellement sur les habitats benthiques. De nombreuses études se sont également intéressées à la cartographie des habitats d’espèces vulnérables ou d’intérêt, notamment dans un cadre réglementaire : liste OSPAR des habitats menacés, liste des habitats élémentaires de la directive Habitats. Seules deux typologies proposent des classifications permettant de recenser l’ensemble des habitats marins : la classification CMECS aux États-Unis et la classification EUNIS en Europe. Dans cette dernière typologie, la discrimination des habitats pélagiques est basée sur des critères physiques et hydrodynamiques. Cette classification, bien qu’elle constitue un standard européen et offre l’avantage d’être exhaustive grâce à sa structure hiérarchique, demeure d’utilisation complexe et peut se révéler inadaptée à certaines zones géographiques.
D’autres approches, moins génériques, s’intéressent au lien entre communautés ou espèces pélagiques et habitats, et tentent de prédire au mieux la distribution spatio-temporelle des populations, en particulier à l’aide de la modélisation. Elles se focalisent sur des espèces cibles, le plus souvent ichtyologiques, et sur des stades précis de leur cycle de vie : période de ponte, nourriceries, etc.
Cette synthèse tente de conserver une approche générique, et se limite donc à la classification des biotopes. Par conséquent, nous sommes amenés à définir des frontières entre ces biotopes. Néanmoins, celles-ci conservent un caractère relatif et dépendront en particulier de l’échelle spatio-temporelle sur laquelle la classification est réalisée. Elles pourront être adaptées en fonction des facteurs environnementaux déterminants pour une espèce d’intérêt donnée, notamment dans un contexte de définition d’habitats. L’approche adoptée ici rejoint celle de la classification EUNIS, avec des critères quantifiables, en se basant sur des variables forçantes à l’échelle des biocénoses. L’objectif est de classer les masses d’eau sur la base de critères physiques, reconnus importants pour les espèces pélagiques et l’écosystème en général, et ainsi de construire une cartographie de « paysages hydrologiques », favorables au développement de différentes communautés pélagiques.