Habitats particuliers du bathyal et de l'abyssal - Méditerranée occidentale

Publié le 19 mai 2020 — Modifié le 26 mai 2020

Caractéristiques et état écologique - Méditerranée occidentale / État biologique / Caractéristiques biologiques - biocénoses

Habitats particuliers du bathyal et de l'abyssal

Auteurs : Marie-Claire Fabri, Laura Pedel (Ifremer, La-Seyne-sur-Mer). Avec la participation d’André Freiwald (Senckenberg Institute, Allemagne), Teresa Madurell (CSIC, Espagne).

Certains canyons de Méditerranée occidentale abritent des habitats de mégafaune structurante, les massifs de coraux d’eau froide. Ces massifs de coraux sont des habitats particuliers de l’étage bathyal.

Ce sont des zones de biodiversité remarquablement élevée, car les coraux servent d’abris et de lieux de nutrition pour de nombreuses espèces, dont certains poissons commerciaux. Ces écosystèmes sont dits vulnérables en ce sens qu’ils sont des cibles privilégiées de pêche et de chalutage.

En Atlantique, la commission OSPAR a reconnu les massifs de coraux d’eau froide comme étant menacés. Le Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) et la Commission européenne (CE 734/2008) ont recommandé la cartographie puis la fermeture au chalutage de l’ensemble des zones européennes de coraux profonds.

L’exploitation des poissons et autres composants de la diversité biologique dans les mers profondes s’est généralisée mondialement depuis les 20 dernières années [1]. Or, les ressources biologiques exploitées par la pêche profonde en haute mer possèdent des caractéristiques biologiques qui posent des problèmes en ce qui concerne leur gestion et leur exploitation durables : maturité tardive, croissance lente, espérance de vie longue, faible taux de mortalité naturelle, possibilité de ne pas frayer chaque année. Mais en plus, en raison de prises involontaires ainsi que de l’impact des engins de pêche sur les habitats benthiques, cette pêche profonde a des conséquences néfastes non encore quantifiées sur les communautés et les écosystèmes profonds.

La FAO a produit un guide international pour la gestion de la pêche profonde en haute mer et a édité une liste de caractéristiques pour l’identification des Écosystèmes Marins Vulnérables (VME) qui sont : (1) des habitats qui contiennent des espèces endémiques, rares ou menacées d’extinction ; (2) des habitats qui sont nécessaires à la survie, au fonctionnement, au repeuplement ou à la reproduction des stocks de poissons ; (3) des écosystèmes fortement susceptibles d’être endommagés par des activités anthropiques ; (4) des espèces dont les caractéristiques du cycle biologique – faible vitesse de croissance, maturité tardive, recrutement faible – rendent leur récupération lente et (5) des écosystèmes structurés dont la diversité dépend de la complexité des organismes structurants.

Les massifs de coraux d’eau froide sont définis par l’ONU comme étant des VME à protéger des pratiques de pêches destructrices, au même titre que les sources hydrothermales et les monts sous-marins. D’autres écosystèmes de l’étage bathyal pourraient entrer dans la définition des VME, comme les faciès à Isidella elongata et les faciès à Funiculina quadrangularis – voir la contribution thématique « Biocénoses des fonds meubles du bathyal et de l’abyssal » – ou les communautés de gorgones Callogorgia verticillata – voir la contribution thématique « Biocénoses des fonds durs du bathyal et de l’abyssal ».

La convention de Barcelone (CB) et la convention de Washington (CITES) protègent certaines espèces du domaine côtier, dont seulement 4 espèces ou groupes d’espèces ont été observés dans la zone bathyale : corail rouge, langouste rouge, antipathaires, scléractinaires y compris les coraux d’eau froide.