Caractéristiques et état écologique - Mers Celtiques / État biologique / Caractéristiques biologiques - biocénoses
Habitats particuliers du bathyal et de l'abyssal
Auteurs : Brigitte Guillaumont, Inge van den Beld, Jaime Davies, Christophe Bayle (Ifremer, Brest).
Les mers celtiques ont fait l’objet de prospections pour l’étude des espèces benthiques profondes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.
Une première synthèse a été rédigée par Le Danois en 1948.
Les campagnes réalisées dans les années 1970 ont concerné pour l’essentiel une radiale au nord du golfe de Gascogne.
Plus récemment, l’attention a été portée au sein des conventions internationales et des directives européennes sur les espèces et les habitats rares, sensibles, fonctionnellement importants, menacés ou en déclin. La Convention OSPAR 1992 vise à mettre en place un réseau cohérent d’aires marines protégées pour les habitats et espèces listés dans l’annexe V de la convention au titre d’espèces et habitats menacés ou en déclin, dont certains sont présents ou susceptibles de l’être dans les mers celtiques, notamment les « Récifs à Lophelia pertusa », les « Jardins de coraux », les « Vases à pennatulacées et macrofaune fouisseuse » et les « Agrégats d’éponges ».
La directive Habitat 92/43/EEC impose la mise en place de mesures de protection des habitats et espèces listés dans les annexes I et V. Parmi ceux-ci figurent les « Récifs », qu’ils soient d’origine biogénique ou non. La résolution des Nations Unies 61/105 appelle les États à mettre immédiatement en place, individuellement ou par le biais des organisations régionales de pêche, des actions de gestion pour protéger des pratiques destructrices de pêche les Écosystèmes Marins Vulnérables (EMVs), dont les coraux et les éponges. Enfin, les coraux figurent en bonne place dans les listes du CITES au titre d’espèces réglementées en vue de leur protection.
Toutes ces mesures concernant particulièrement les coraux et les éponges sont justifiées par la vulnérabilité particulière de ces espèces d’épifaune sessile aux actions mécaniques – notamment les chaluts de pêche –, ainsi qu’aux actions provoquant la remise en suspension de particules, par leur croissance faible et leur durée de vie longue, et par le fait qu’un certain nombre d’espèces structurent ou caractérisent certains habitats. Leur intégrité peut être utilisée comme un indicateur de la qualité du milieu.
Le projet CoralFISH, démarré en 2008, dont l’objectif est d’étudier les relations entre coraux, poissons et pêcheries, a permis de réaliser de nouvelles campagnes mettant en œuvre des caméras pour recueillir de l’imagerie sur la pente continentale où se concentrent ces espèces et habitats vulnérables. Ces données d’imagerie, ainsi que des données plus anciennes résultant de campagnes halieutiques ou géologiques et des données résultant de campagnes étrangères, ont été analysées pour fournir une première synthèse provisoire de la répartition de ces EMVs dans les mers celtiques et le golfe de Gascogne.
Le rebord du plateau, situé aux environs de 200 m, a été retenu comme limite supérieure du bathyal. En l’absence d’indication régionale, la profondeur de 2 700 m a été retenue comme limite inférieure du bathyal, le domaine le plus profond correspondant à l’abyssal. Le domaine bathyal de la sous-région mers celtiques est incisé de nombreux canyons.
La zone abyssale n’ayant fait l’objet d’aucun échantillonnage, toutes les observations disponibles concernent exclusivement le bathyal.