Pressions et impacts - Manche - Mer du Nord / Éléments de synthèse
Impacts cumulatifs et synergiques : l'exemple de la sole
Auteurs : Caroline Kostecki et Olivier Le Pape (Agrocampus, Rennes). Avec la collaboration d’Anik Brind’Amour (Ifremer, Nantes).
La sole commune, Solea solea (L., 1758), est une espèce benthique dont la répartition s’étend des côtes ouestafricaines à la mer Baltique, sur des fonds meubles (vase et sable) de bathymétrie comprise entre 0 et 150 m.
Dans les eaux sous juridiction française de la sous-région marine Manche-mer du Nord, on distingue deux populations principales de sole, en Manche Ouest et en Manche Est, même si cette dernière zone recouvre aussi une petite fraction sud de la population de mer du Nord.
Bien que variable selon les populations, le cycle de vie de la sole comporte partout une phase larvaire pélagique, suivie d’une phase juvénile benthique se déroulant au sein des nourriceries côtières et estuariennes (figure 1). À maturité, les jeunes soles âgées de 2 à 3 ans se déplacent vers des secteurs plus profonds et participent annuellement à la reproduction [1]. La sole se nourrit presque exclusivement d’invertébrés benthiques.
D’une valeur commerciale élevée, elle fait l’objet d’une exploitation halieutique conséquente (voir la contribution thématique « Extraction sélective d’espèces »). Cette espèce est en effet une composante importante des peuplements ichtyologiques et son intérêt économique est majeur. De plus, elle a fait l’objet de nombreuses études, notamment au sein de la sous-région marine. Il s’agit donc d’un modèle approprié à l’analyse des impacts cumulatifs des pressions anthropiques sur les ressources halieutiques.
En se référant au tableau 2 de l’annexe III de la DCSMM listant les pressions anthropiques sur le milieu marin, ce rapport présente une synthèse des connaissances sur les impacts de ces pressions – altération physique du milieu, eutrophisation, pollution chimique, espèces invasives, pêche, etc. – sur le cycle de vie des soles – croissance, survie, reproduction – en Manche ainsi que sur les côtes françaises du sud de la mer du Nord.