Pressions et impacts - Méditerranée occidentale / Pressions physiques et impacts associés / Pertes et dommages physiques
Modifications de la nature du fond et de la turbidité
Auteur : Florence Cayocca (Ifremer, Brest).
On appelle communément « turbidité » de l’eau l’obstruction à la pénétration de la lumière.
On appelle communément « turbidité » de l’eau l’obstruction à la pénétration de la lumière.
La turbidité résulte de la quantité de particules solides en suspension (dites « matières en suspension »), qu’elles soient minérales – sables, argiles, limons –, ou d’origine organique – phytoplancton ou zooplancton, matières organiques détritiques. Dans le cadre de cette synthèse, les modifications de la turbidité et de la nature du sédiment sont identifiées comme « dommages physiques » résultant de sources de pression anthropiques. Ces modifications traduisent, dans la colonne d’eau pour la turbidité et à la surface du fond pour la nature du sédiment, les effets de la remise en suspension des sédiments – c’est-à-dire leur érosion –, de leur transport, puis éventuellement leur dépôt. La nature du fond change si les sédiments qui se déposent en un point donné sont de composition et/ou de granulométrie différente de celles des sédiments en place, ou si l’érosion de sédiments de surface met à nu des sédiments sous-jacents de nature différente.
Les modifications de la nature du fond peuvent impacter les communautés benthiques par le biais d’une altération de leur habitat : les enrichissements en sable ou en vase, par exemple, conduisent à une adaptation des assemblages en fonction de la nouvelle composition du fond. En cela, ces processus relèvent du Descripteur 6 « Niveau d’intégrité des fonds marins » (Décision de la Commission du 1er septembre 2010, 2010/477/UE). Parallèlement, les modifications de la turbidité peuvent avoir un impact indirect sur les communautés phytoplanctoniques et les communautés végétales benthiques, par le biais de l’altération de la propagation de la lumière, qui joue un rôle essentiel dans la fonction chlorophyllienne. Des niveaux de turbidité élevés peuvent également affecter les fonctions de filtration des coquillages sauvages ou cultivés, et par conséquent leur croissance, voire leur survie. Ces processus relèvent du Descripteur 1.6.3 « Conditions physiques, hydrologiques et chimiques des habitats marins » (Décision de la Commission du 1er septembre 2010, 2010/477/UE).
Les modifications d’origine anthropique de la turbidité et de la nature du sédiment sont liées à des pressions s’exerçant sur le fond, ou à des pressions qui modifient les apports terrigènes. Elles ne peuvent donc être traitées indépendamment des sources qui les provoquent, reprises dans les contributions thématiques « Abrasion », « Extraction sélective de matériaux » et « Apports fluviaux en nutriments et matières organiques ». Elles peuvent également résulter d’activités conduisant à des « pertes physiques » provisoires ou permanentes, comme les rejets de dragage, les opérations de génie civil en mer – installations de structures pour la récupération de l’énergie en mer, enfouissement de câbles, constructions d’ouvrages, par exemple –, ou encore la mariculture dont la conchyliculture.
Peu de données permettent de quantifier les modifications d’origine anthropique étudiées ici, d’autant plus que la connaissance des conditions « naturelles », que ce soit pour la nature du fond ou la turbidité ambiante, est très parcellaire. Ce document se propose donc de rappeler les sources de pression – dont l’inventaire par sous-région marine est détaillé dans les contributions thématiques « Étouffement et colmatage » pour la conchyliculture, le dragage et la construction d’ouvrages, « Abrasion » et « Extraction sélective de matériaux » – et de présenter l’état des connaissances permettant d’estimer les pressions résultantes sur le fond et sur la colonne d’eau. La modification des apports fluviaux est traitée dans la contribution thématique « Apports fluviaux en nutriments et matières organiques ». L’analyse complète des impacts sur les habitats et les biocénoses associées est traitée dans le § « Impacts sur les habitats » de la contribution « Impacts cumulatifs des pertes et dommages physiques ».