Modifications du régime des courants - Manche - Mer du Nord

Publié le 15 mai 2020 — Modifié le 5 juin 2020

Pressions et impacts - Manche - Mer du Nord / Pressions physiques et impacts associés / Interférences avec des processus hydrologiques

Modifications du régime des courants 

Auteur : Pascal Lazure (Ifremer, Brest).

Aucune modification des courants ne peut être mise en évidence actuellement à partir des mesures. Cela illustre plus l’absence de suivi dans la durée des paramètres océanographiques de base que la stabilité d’un système complexe aux multiples interactions.

L’impact des activités humaines sur la modification des courants a été évalué à partir de quelques études existantes et de considérations générales sur les échelles spatiales des ouvrages. Il s’avère que cet impact reste actuellement limité à l’échelle locale. Rappelons qu’on ne parle ici que des courants et non pas des transports sédimentaires.

Hormis la modification des régimes météorologiques attendue et liée au changement global, il est possible que la modification du régime hydrologique des fleuves, liée à des activités anthropiques sur les bassins versants, soit apte à modifier la circulation régionale, par le biais d’une modification des salinités et des contrastes de densité. La lente évolution des salinités évoquée dans la contribution thématique « Modifications du régime de salinité » n’a cependant pas pu être reliée à une modification du régime hydrologique des fleuves. Ces aspects n’ont pour le moment pas été réellement abordés dans le domaine côtier et mériteraient d’être étudiés spécifiquement sur la base de différents scénarios d’évolution du régime hydrologique des fleuves à partir de simulations par modèles numériques.

Dans un avenir proche, le développement attendu des énergies renouvelables verra l’implantation en mer de plusieurs types de constructions et ouvrages qui pourraient avoir un impact plus étendu. L’implantation de parcs d’éoliennes offshore, ou de dispositifs de récupération de l’énergie de la houle, ne devrait pas avoir une influence forte sur les courants moyens en dehors des parcs. Il n’en est pas de même pour les hydroliennes et les turbines dont l’objectif est de capter une partie de l’énergie du courant moyen. Des études récentes sur le potentiel hydrolien le long des côtes de Géorgie (côte est des USA) [8], de même qu’une simulation d’installation de turbines dans la baie de Fundy (côte est du Canada) [9], ont montré que l’implantation de fermes hydroliennes dans certaines zones de courants forts a la capacité de modifier significativement la propagation de l’onde de marée. Cela se traduit en général par une diminution du marnage et donc des courants associés et une modification de la phase. Dans le cas de la baie de Fundy, des augmentations de plus de 20 cm de l’amplitude de l’onde de marée ont été mises en évidence par la modélisation numérique à plus d’une centaine de kilomètres de distance des ouvrages.

Ces aspects et leurs conséquences devront faire l’objet d’études spécifiques en préalable de l’installation de fermes d’hydroliennes de grandes dimensions.