Répartition spatio-temporelle des nutriments - Méditerranée occidentale

Publié le 19 mai 2020

Caractéristiques et état écologique - Méditerranée occidentale / État physique et chimique / Caractéristiques chimiques

Répartition spatio-temporelle des nutriments 

Auteurs : Patrick Raimbault (Aix-Marseille Université, LMGEM – UMR CNRS 6117, Marseille), Nathaniel Bensoussan et Anne-Éléonore Paquier (IPSO FACTO, Marseille).

La mer Méditerranée est connue depuis longtemps comme étant une mer oligotrophe, possédant une faible charge nutritive, et caractérisée par un gradient trophique ouest-est.

Une autre caractéristique biogéochimique de la Méditerranée est le déficit en phosphore par rapport à l’azote. Alors que ces éléments se distribuent dans l’océan mondial dans un rapport proche de la valeur de 16, dit rapport de Redfield, le rapport nitrates/phosphates des eaux profondes de Méditerranée varient de 20–21 dans le bassin occidental à 25 dans le bassin oriental, tandis que des valeurs très élevées (> 50) sont fréquemment mesurées dans les eaux superficielles.

À l’échelle du bassin occidental, les bilans biogéochimiques ont révélé que le déficit de matières minérales au détroit de Gibraltar est essentiellement compensé par les apports fluviaux. Dans ce contexte, le Rhône, principal fleuve méditerranéen, joue un rôle primordial avec un apport annuel estimé à un tiers de la quantité totale reçue par les eaux de surface de Méditerranée, en tenant compte des apports atmosphériques et du mélange hivernal de la colonne d’eau. Les eaux littorales et côtières sont, quant à elles, soumises aux apports par des émissaires et à l’impact d’activités industrielles et portuaires, facteurs qui peuvent entraîner de forts enrichissements localisés en éléments nutritifs. Dans ce contexte, certains auteurs ont suspecté une augmentation des teneurs en nitrates et phosphates en Méditerranée au cours des dernières décennies suite à la contamination d’origine agricole et industrielle des fleuves et rivières. À l’opposé, un déficit en silicates semble apparaître au cours de la même période, expliqué par la réduction des débits des fleuves due à la construction de barrages et à un déficit pluviométrique.